C’est dans un café parisien que nous avons rencontré Pauline Chalamet et Délia Espinat Dief. Ces deux jeunes comédiennes très prometteuses ont accepté de s’entretenir avec nous afin de nous parler de leur court-métrage Agnès et Milane. Dans cet échange aussi riche humainement que cinématographiquement, nous avons appris à connaître ces jeunes femmes à travers leurs inspirations et leurs aspirations.
Quelles études suivez-vous ?
Délia : On est toutes les deux dans la même école de théâtre : l’ESCA (École Supérieure des Comédiens par l’Alternance) à Asnières. C’est la seule école supérieure de théâtre qui fait un vrai travail sur l’insertion au cours de la formation et pas après. On passe des auditions, on joue ; on est à la fois des élèves et des comédiens.
Dans quel cadre avez-vous réalisé votre court-métrage ?
Délia : On a fait ce film en parallèle du cursus, pas du tout au sein de l’école. C’est un peu le fruit de notre rencontre. On s’est rencontrées l’an dernier et tout est allé très vite, on a voulu faire un film ensemble et on ne s’est pas lâchées.
Pouvez-vous expliquer en quelques phrases votre court-métrage ?
Pauline : C’est l’histoire d’une rencontre entre deux jeunes femmes à Paris, de leur amitié naissante, comment elles se rencontrent. On avait beaucoup parlé de cette idée d’amitié entre femmes [avec Délia ndlr], parce que c’est un sujet qui n’est pas beaucoup abordé. Je ne suis pas un homme donc je ne peux pas parler à leur place mais je sais que les amitiés que j’ai avec d’autres femmes sont vraiment importantes, on est complices. Et c’est intéressant parce qu’on n’a pas réalisé le film, on a demandé à un homme de le faire. Je crois que c’est quelque chose qui se ressent un peu.
Délia : Il a été au service de l’histoire le plus possible, il a été très à l’écoute de ce qu’on voulait faire. Il ne s’est pas approprié le film. C’était super, très agréable de travailler avec lui.
Cela vous a pris combien de temps pour le faire ?
Pauline : Pas longtemps ! (rires)
Délia : On a été vite très motivées et Pauline a une force de faire les choses qui m’a entraîné et qui a fait qu’on n’a pas lâché le truc. On a commencé à écrire au mois d’octobre et on a tourné en février.
Délia sur le tournage d’Agnès et Milane
Où le tournage s’est-il déroulé ?
Pauline et Délia : On a tourné que dans Paris, principalement dans le 18ème arrondissement et dans le 10ème aussi.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire cette histoire ?
Pauline : On était toutes les deux sur l’écriture, vraiment toutes les deux. Au début, on se racontait simplement des histoires, des choses qui nous étaient arrivées.
Délia : On avait quelques contraintes : on voulait jouer toutes les deux dedans, le faire vite, sans beaucoup de budget et à Paris.
Pauline : Ça a fait que l’histoire a dû être simple, on s’est concentrées uniquement sur deux personnages.
Délia : On voulait un court métrage d’une dizaine de minutes, et le fait qu’on le tourne à Paris était vraiment pratique pour nous, pour aller en cours et travailler en même temps.
Pauline (à gauche) et Délia (à droite)
Qu’avez-vous préféré dans le processus de production ? (l’écriture, le montage, tournage…)
Pauline : Je crois que j’ai préféré quand c’était fini ! (rires)
Délia : C’est vrai que c’était compliqué, on n’est pas productrices. Pauline a pris en charge un nombre de mails, de rendez-vous… on ne se rend vraiment pas compte, c’est immense comme travail. On a mené tout du mieux qu’on pouvait, on a beaucoup appris. Et pour la musique ! Comme c’est une musique originale, quand on a rencontré le compositeur, on devait lui dire quel genre de musique on voulait, quel instrument on préférait…
Pauline : On se rend compte de tout le travail que c’est d’organiser, d’être producteur… Nos parents et beaucoup de nos amis nous ont aidées. On a tout mené du mieux qu’on le pouvait et on a beaucoup appris mais quand c’était fini on était tellement contentes.
Délia : Ça fait presqu’un an qu’on l’a fini et aujourd’hui, ça me parait fou de me dire qu’on a mis autant de monde sur ce projet qui venait de nos deux têtes.
Voulez-vous poursuivre le chemin des courts-métrages ou allez-vous vous diriger vers les longs-métrages ?
Pauline : Encore quelques courts métrages et ensuite certainement des projets plus longs.
Délia : Pour ma part, si je réécris quelque chose, j’aimerais seulement le réaliser, sans jouer dedans. Réaliser tout en jouant dans un film demande un aplomb que je n’ai pas encore. Selon moi, le comédien est dirigé, il existe par le regard d’un autre, donc faire les deux me semble impossible tout de suite.
Est-ce que votre court-métrage Agnès et Milane a été projeté dans des festivals ?
Pauline et Délia : Oui, il a été projeté dans un festival de films à Philadelphie. On a eu un super retour, des gens nous ont écrit, ça nous a fait plaisir.
Pour les gens qui ne l’ont pas encore vu, où peuvent-ils le regarder ?
Pauline et Délia : Là il faut encore une petite tournée en festivals et une fois que ce sera fini, on pourra le diffuser sur Internet !
Quelles sont les femmes qui vous ont inspirées à faire du cinéma ?
Pauline : Je pense à Greta Gerwig, il faut que j’arrête d’en parler parce que ça devient une obsession ! Elizabeth Moss est aussi une grande source d’inspiration.
Délia : Frances Ha [film que Greta Gerwig a co-écrit et dans lequel elle joue, ndlr] fait partie de nos références, on adore, on l’avait en tête pour le court métrage. Je pense souvent à Jane Birkin, elle m’inspire énormément.
Avez-vous récemment vu un film ou une performance qui vous a marquées ?
Pauline : J’ai vu récemment le nouveau Kechiche [Mektoub, my love] que j’ai beaucoup aimé.
Délia : Moi c’est Three Billboards que j’ai vraiment adoré.
Pauline : Voilà ! Frances McDormand, une femme qui m’inspire, elle est incroyable.
Délia : Et Call Me By Your Name, dans les derniers films !
Pauline : Bon moi je peux pas trop en parler ! (rires) [Pauline Chalamet est la soeur de Timothée Chalamet, qui incarne le personnage principal du film, ndlr] sinon Lady Bird, un coup de cœur.
En parlant de cinéma, est-ce qu’Hollywood vous attire ?
Pauline : Oui mais j’adore Paris, et on sait ce qu’il se passe là-bas avec tout ce qu’on lit. Rien n’est facile et quand tu es jeune, il faut être dans des endroits qui t’inspirent à vouloir créer et trouver les gens avec qui tu as envie de travailler. Pour l’instant je commence à trouver des gens à Paris avec qui j’aime bien travailler, alors je ne vais pas aller ailleurs surtout que Los Angeles c’est loin de Paris !
Délia : J’aimerai ajouter qu’en France, les artistes ont un statut protégé avec l’intermittence : on est bien lotis, on nous encourage, c’est un métier agréable à exercer, alors qu’aux États-Unis ça a l’air beaucoup plus compliqué. Avoir ce statut est une vraie chance, avec toutes les infrastructures qu’il y a en France.
Que pensez-vous du Festival de Cannes cette année ?
Pauline : Je soutiens Vannessa Filho et son film Gueule d’Ange avec Marion Cotillard ! [L’interview a été faite avant le Festival de Cannes, ndlr]
Pauline sur le tournage d’Agnès et Milane
Si vous souhaitez voir Agnès et Milane, nous le posterons sur cet article une fois qu’il sera mis en ligne. Nous vous invitons à suivre l’activité de ces deux jeunes comédiennes via leur Instagram : Pauline et Délia