Ne suis-je pas une femme ? Curation d’Eva B.

Vingt ans après sa sortie aux Etats-Unis, les éditions divergences publient « Tout le monde peut être féministe », la traduction de Feminism is for Everybody de Bell Hooks. Cet ouvrage fait partie des nombreuse productions qui ont forgé mon éducation au féminisme, et c’est grâce aux conseils d’Eva B.. C’est au sein du Planning Familial que j’ai fait la rencontre d’une collègue mais aussi amie, qui m’a fait grandir dans mes engagements féministes. Militante et artiste, j’ai toujours prêté une oreille attentive à ses recommandations culturelles, aussi riches les unes que les autres. Et c’est justement parce que l’art, la littérature et le cinéma, forgent nos identités, que j’ai fait appel à elle pour nous partager des productions audiovisuelles qui racontent des récits de femmes noires. Zineb

Dans les pages de remerciements au début de son livre « Ne suis-je pas une femme ? » Bell  Hooks raconte que lorsqu’elle s’est lancé pour mission d’écrire sur les femmes noires et le  féminisme, elle se souvient avoir entendu « Qu’est-ce qu’il y a à dire sur les femmes noires! ».  

Pour le média 21st Century Women, j’ai sélectionné 12 films et 3 séries qui dressent l’histoire de  femmes noires à l’occasion de la sortie française du livre « Nous devrions toutes être féministes ».  15 œuvres qui sont là pour nous rappeler qu’il y a tant à dire sur les femmes noires, qu’il y aura  toujours à raconter, et que l’on doit continuer de créer.  

Films

Pour cette sélection, j’ai opté pour un ordre chronologique et des thèmes qui vont de la comédie,  au drame, en passant par le politique. The Forty Years Old Version (2020) de Radha Blank est le  dernier que j’ai vu en date et que je ne saurais que trop recommander – c’est l’histoire de Radha,  40 ans, native de Harlem qui décide de se lancer dans le rap -. Je tenais aussi à encourager  encore et toujours à voir Mignonnes (2020) le dernier long métrage de Maimouna Doucouré,  en lui ré affirmant tout mon soutient, je la remercie de s’être confronté à un sujet qui fait mal et  qu’il est nécessaire de traiter. Pour lui faire écho, j’ai également glissé Rocks (2020) de Sarah Gavron qui est sorti septembre dernier : c’est l’histoire de Shola, une lycéenne de 15 ans  abandonnée par sa mère. Aidée par sa bande d’amies, elle se lance le défi de s’occuper seule de  son petit frère pour éviter les ravages d’un placement en foyer. Un film qui célèbre l’amitié et rend  hommage à la jeunesse londonienne.  

Une révérence également à la grande Sarah Maldoror décédée cette année. Dans les années 70s,  aux côtés de figures tel qu’Aimée Césaire et armée de sa caméra, elle menait le combat que nous  portons aujourd’hui : celui de décoloniser la pensée, et de relier les histoires et les mémoires afro descendantes. Sambizanga (1972) est un film politique qui retrace le chemin difficile des Angolais  vers l’indépendance.  

Un peu plus tôt avant elle, Ousmane Sembène réalise La Noire de (1966) , qui raconte l’histoire de Diouana venue en France du Sénégal pleine d’espoir et d’ambition, elle voit ses rêves  s’éteindre petit à petit lorsqu’elle est condamnée à une vie en tant que domestique d’une famille  blanche du sud de la France.  

La migration, c’est également un des thèmes au cœur du film Atlantique (2019) de Mati Diop.  Au travers de Ada, le film raconte la traversée clandestine par l’Océan de Souleiman, son amant,  et de ses amis. Avec ce film Mati Diop vient aborder tous les thèmes gravitant autour de la  migration, en utilisant spiritualité et mysticisme. Des éléments que l’on retrouve également dans Daughters of the Dust (1996) de Julie Dash, mais aussi dans Eve’s Bayou (1997), de Kasi  Lemmons.  

Avec Pariah (2011) de Dee Rees et Rafiki (2018) de Wanuri Kahiu, c’est l’amour qui est célébré  dans toute sa beauté et sa complexité de Brooklyn à Nairobi dans des films coming of age. 

– The Forty Years Old version (2020), Radha Blank 

– Miss Juneteenth, Channing Godfrey Peoples (2020) 

– Mignonnes, Maimouna Doucouré (2020) 

– Atlantique, (2019) Mati Diop 

– Rocks, Sarah Gavron (2019) 

– Rafiki, (2018) Wanuri Kahiu 

– Pariah (2011), Dee Rees

– Daughters of the dust (1996), Julie Dash  

– Eve’s Bayou (1997), Kasi Lemmons 

– Sambizanga (1972), Sarah Maldoror 

– La noire de, (1966), Ousmane Sembène  

Séries

J’ai également choisi trois séries qui font parler en ce moment et qui mettent à l’honneur des  femmes noires derrière et devant la caméra.  

Lovecraft Country (2020), une série HBO adaptée du roman de Matt Ruff avec Misha Green à la  direction. L’histoire mélange science fiction et horreur sous une Amérique des années 50s  marquée par les lois Jim Crow qui instaurent la ségrégation notamment au sud des Etats-Unis.  C’est une série qui sort des codes habituels et qui n’hésite pas à aller au cœur des dynamiques  raciales. C’est également un moment d’éducation puisque la série revient sur des évènements  importants de l’histoire des Etats-Unis mais vient aussi faire un clin d’œil à des figures féminines  importantes de l’histoire telle que Bessie Stringfield qui est la première femme afro-américaine a  avoir traversé les Etats-Unis à moto, ou encore Nawi la dernière Amazone du Dahomey.  En plus d’une histoire hors du commun, les plans la photographie, la reproduction des décors et  des tenues dénote un travail de fond incroyable. On reconnait même la reproduction de clichés  très connus qui datent de la période Jim Crow, je pense notamment aux photographies de Gordon Parks. 

La série P-Valley, (2020) réalisée par Katori Hall elle, raconte les dessous et les histoires de  femmes strippers dans un club d’une petite ville du Mississipi, peu après les inondations. Là  aussi, une esthétique et des plans impressionnants mais surtout, une représentation nécessaire  sur un milieu encore trop peu compris et façonné de clichés. La série touche à tous les pans de  leur vie avec sensibilité et n’oublie pas d’intégrer les conditions socio-économiques d’un Etat du  sud victime de racisme environnemental et au passé ségrégationniste.  

Enfin je termine par la série I May Destroy You, (2020) de la réalisatrice Michaela Coel pour  laquelle elle joue le rôle du personnage principal. Avec cette série elle vient bousculer les  conversations sur le consentement, le harcèlement, le viol mais aussi sur les relations aussi bien  amicales qu’intimes dans une société toujours autant patriarcale. 

– Lovecraft Country (2020), Misha Green 

– P-Valley, (2020), Katori Hall 

– I May Destroy You (2020), Michaela Coel

— Eva B.

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