(Rated R est un symbole de classification des films en vigueur aux États-Unis, établi par la Motion Picture Association of America, signifiant Restricted : les mineurs doivent être accompagnés d’un adulte.)
En 2016 est sorti le film Suicide Squad, racontant les périples de l’équipe des anti-héros de DC Comics. Réalisé par David Ayer, le casting rassemblait Will Smith, Jared Leto, Margot Robbie, Viola Davis et bien d’autres encore. Ce troisième volet du DCEU (DC Extended Universe) a atteint plus de 700 millions de dollars au box-office, malgré une réception plutôt négative chez les critiques. Margot Robbie, qui interprète Harley Quinn, la complice et amante du Joker, travaille depuis maintenant 3 ans sur le spin-off de son personnage : Birds of Prey. Harley est un personnage récent du DCEU mais est vite devenu un des plus populaires.
Depuis la sortie de Suicide Squad, Margot Robbie s’est battue pour avoir son propre film, mais pas à n’importe quel prix : sous la direction d’une femme. Elle a persisté pour que le spin-off tombe sous les mains de Cathy Yan. La cinéaste sera la troisième femme à réaliser un film de super-héros DC, après Patty Jenkins (Wonder Woman) et Ava DuVernay (New Gods, projet en cours de réalisation). Ce film est une grande opportunité pour Cathy Yan, qui intègre l’équipe des réalisateurs de films indépendants qui réalisent des blockbusters pour Warner Bros (avec Colin Trevorrow, Jon Watts). Margot Robbie tient beaucoup à ce choix de réalisatrice, qui, passionnée de films d’actions, ne voyait pas mieux que Cathy Yan à le tête de ce projet.
Will Smith dans le rôle de Deadshot (à gauche) et Margot Robbie dans le rôle d’Harley Quinn (à droite) dans le film Suicide Squad
Birds Of Prey est basé sur la série de comics éponyme, et on verra Harley Quinn aux côtés d’autres personnages comme Black Canary, Batgirl et Huntress (la Chasseresse). Ce projet n’est pas à confondre avec d’autres films post-Suicide Squad comme la suite du film, l’adaptation de Gotham City Sirens et encore le très attendu Harley Quinn VS The Joker, qui sont des projets indépendants.
Dans une interview pour le magasine Collider, Margot Robbie s’est exprimée sur ses choix et a parlé de son projet avec plus de précisions. Nous avons sélectionné quelques passages qui nous ont semblé intéressants :
J’ai lancé l’idée d’un film Rated R avec un gang de super-héroïnes, dont Harley, parce que je me suis dit qu’elle avait besoin d’amis. Harley adore interagir avec les gens, alors ne lui faites jamais faire un film où elle est seule. On ne voit pas assez d’équipes de femmes à l’écran, et encore moins dans les films d’action ; ça a donc joué un grand rôle.
Il était très important qu’une femme raconte cette histoire. Ça permettait aussi de donner la chance à une réalisatrice de réaliser un film à grand budget. En général, on leur donne toujours les « petits films ». Et de toute façon, au bout du compte, c’est le ou la meilleur.e qui a le boulot et Cathy était la meilleure réalisatrice.
Mais pourquoi faire un film Rated R ? Il faut dire que c’est très audacieux, et peut être même trop audacieux. Les films Rated R aux Etats-Unis, les équivalents des -12 ans ou -16 ans en France, sont réservés à un public mature et averti, avec l’accompagnement d’un adulte pour les mineurs. Les critères pour ce système de classification sont : le langage, la violence, l’usage de produits illicites, la nudité et le contenu sexuel. Pour vous donner une idée, le film Deadpool de la franchise Marvel est Rated R, ce qui nous laisse imaginer que Birds Of Prey le sera pour des raisons similaires. Cependant, un problème entoure la représentation des super-héroïnes, à l’écran ou dans les comics : leur hypersexualisation. Toute la personnalité et les atouts du personnage féminin se rapportent à son corps et devient objet de désir au lieu d’être objet d’intrigue.
Il y a déjà beaucoup de films d’actions où les héroïnes sont sexualisées, comme Resident Evil, Red Sparrow ou Atomic Blonde, tous Rated R. Les héroïnes ont-elles besoin d’être dans un contexte interdit aux enfants pour être en tête d’affiche ? Patty Jenkins a prouvé le contraire avec Wonder Woman, un des rares films d’action réalisé par une femme, qui peut être vu et par des enfants et par des adultes. Cela ne pourra pas être le cas des jeunes filles et garçons voulant voir leur héroïne préférée (Harley Quinn) en salle sans être accompagné d’un adulte. Rappelons que presque tous les films d’action de super-héros masculins sont tout public. Cette universalisation des super-héros a permis à de nombreux enfants de grandir avec un modèle. Finalement, le projet de la jeune actrice nommée aux Oscars se voulant révolutionnaire, comme son aîné Wonder Woman, fera beaucoup moins d’étincelles à cause d’une sexualisation des femmes certainement inutile et d’une restriction d’âge qui aura des conséquences. Bien que les adaptations de comics ne soient pas uniquement réservées aux enfants (Deadpool, Logan), il est tout de même navrant de priver une large partie du public de cette part de l’univers DC.
Beaucoup de questions découlent de ce film, et toutes témoignent de notre curiosité infinie. Réponses dans les mois à venir, car Margot Robbie est pour l’instant occupée avec son nouveau film Once Upon a Time in Hollywood signé Quentin Tarantino et dont la sortie est prévue en 2019.